Connaître les principales causes de décès est essentiel pour orienter les politiques de santé publique et réduire la mortalité. Si les maladies cardio-vasculaires et les cancers figurent en tête au niveau mondial, qu’en est-il vraiment en France ? Quelles sont les disparités selon l’âge, le sexe ou encore le niveau de revenu ? Plongeons dans les dernières données pour mieux cerner les enjeux.

Le duo maladies cardiovasculaires – cancers domine la mortalité mondiale

À l’échelle planétaire, les maladies cardio-vasculaires constituent la première cause de mortalité (16% des 55,4 millions de décès en 2019), suivies par les cancers (13%). La pandémie de Covid-19 a cependant bouleversé ce classement en 2020-2021, devenant une cause majeure avec plus de 6 millions de morts.

Ces proportions varient selon les régions du monde. Dans les pays à faible revenu, les maladies infectieuses (infections respiratoires, paludisme, VIH), la malnutrition et les problèmes d’accès aux soins restent prédominants. La mortalité maternelle et infantile y est aussi très élevée, en lien avec des conditions d’accouchement précaires. À l’inverse, les pays développés sont davantage touchés par les maladies chroniques liées aux modes de vie (tabagisme, sédentarité, alimentation déséquilibrée).

Bon à savoir : Selon l’OMS, plus de 80% des décès prématurés par maladies non transmissibles (cancers, pathologies cardiovasculaires, diabète) surviennent dans les pays à revenu faible et intermédiaire, souvent par manque de prévention et de soins adaptés.

Évolution des causes de décès en France depuis 2000

En France, le trio de tête des causes de mortalité a peu évolué en 20 ans. En 2008, les tumeurs étaient premières (29,6% des 543 139 décès), devant les maladies cardio-vasculaires (27,5%) et les accidents (4,6% dont plus de la moitié sur la route). Suivaient les maladies neurodégénératives comme Alzheimer (3,2%), le diabète (2,2%) et les suicides (1,9%).

2021 a vu un bouleversement avec le Covid-19, devenu 3ème cause (9,2% soit 60 895 morts), derrière les pathologies cardiovasculaires (24,5%) et les cancers (17,8%). Un impact fort sur les plus de 65 ans, amenant l’espérance de vie à reculer (−0,4 an), mais à relativiser sur le long terme.

Sur la période, la part des cancers et des maladies cardio-vasculaires a baissé (respectivement −11,8 et −3 points), au profit des affections neurodégénératives (+2,8 pts) en lien avec le vieillissement de la population. Les causes externes (accidents, suicides) ont aussi reculé.

Exemple : En 2000, les tumeurs représentaient 28,1% des décès en France (150 574 morts), les maladies cardio-vasculaires 31,2% (167 235) et les causes externes 9,4% (50 393). En 2008, leurs parts étaient de 29,6% (160 607), 27,5% (149 362) et 7,7% (41 820).

Des différences marquées selon le sexe et l’âge

En 2008, les disparités homme-femme étaient nettes. Chez elles, les tumeurs dominaient (23% des décès féminins) devant les maladies cardiovasculaires (20%). L’ordre s’inversait chez les hommes : 22% de morts cardio-vasculaires contre 20% par cancer. Les causes externes les touchaient aussi 3 fois plus.

La mortalité varie fortement avec l’âge. Avant 45 ans, les causes externes prédominent : 1ère cause chez les 15-24 ans (61% des décès) et 2nde chez les 25-44 ans (28%) derrière les tumeurs (32%). Cancers et maladies cardiovasculaires dominent ensuite chez les 45-84 ans, avant que ces dernières ne s’imposent après 85 ans.

Chez les enfants, la mortalité est très faible. Les décès surviennent surtout en période néonatale (premières semaines de vie), souvent par malformations congénitales, complications de la prématurité ou de l’accouchement. Après 1 an, les causes principales sont les accidents et les cancers.

Le poids des inégalités sociales sur les causes de décès

Le niveau de revenu est un déterminant majeur de la mortalité. En France, l’écart d’espérance de vie à 35 ans entre cadres supérieurs et ouvriers non qualifiés dépasse 6 ans chez les hommes. Des inégalités qui se répercutent sur les causes de décès.

Certains cancers (poumon, voies aérodigestives supérieures) et pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires touchent davantage les catégories défavorisées, en lien avec le tabagisme, l’alcoolisme et l’exposition à des environnements dégradés (pollution, conditions de travail difficiles).

A noter : Selon l’Inserm, un ouvrier a 2,3 fois plus de risque de mourir avant 65 ans qu’un cadre, souvent d’un cancer ou d’une maladie chronique. Chez les femmes, l’écart est moindre (1,5) mais bien présent.

Paradoxalement, certains cancers (sein, prostate) et les causes externes (accidents, suicides) sont plus fréquents chez les CSP+, peut-être en lien avec certains modes de vie. Un phénomène à étudier de près.

Pour réduire la mortalité, les autorités sanitaires doivent donc renforcer la prévention ciblée (dépistages, lutte contre les facteurs de risque) mais aussi s’attaquer aux inégalités sociales de santé. Des actions à mener à tous les âges de la vie.

  • Favoriser les comportements sains dès l’enfance (alimentation équilibrée, activité physique)
  • Faciliter l’accès aux soins dans les territoires défavorisés (déserts médicaux)
  • Soutenir les personnes vulnérables (précaires, isolées) dans leurs parcours de santé
  • Adapter la prise en charge des maladies chroniques au contexte social des patients

Un défi vital pour notre système de santé, afin que tous puissent espérer vivre longtemps en bonne santé, quel que soit leur niveau de vie. Un enjeu au cœur des Objectifs de développement durable de l’ONU, qui visent à réduire d’un tiers la mortalité prématurée mondiale d’ici 2030.

Réduire la mortalité : un défi multidimensionnel

Pour diminuer durablement la mortalité, une approche globale s’impose, combinant prévention, dépistage précoce et prise en charge adaptée des pathologies. Des efforts à mener auprès de tous, mais en ciblant prioritairement les populations vulnérables.

Chacun peut agir à son niveau en adoptant des comportements favorables à sa santé :

  • Pratiquer une activité physique régulière (au moins 30 minutes par jour)
  • Adopter une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, limitant les produits gras, sucrés et ultra-transformés
  • Ne pas fumer et modérer sa consommation d’alcool
  • Participer aux dépistages organisés (cancers du sein, du côlon, du col de l’utérus)
  • Consulter régulièrement un médecin pour suivre l’évolution de sa santé

Bon à savoir : L’Assurance Maladie propose des rendez-vous de prévention gratuits à certains âges clés (20-25 ans, 45 ans et plus). L’occasion de faire un point global et de repérer d’éventuels facteurs de risque.

Mais les individus ne peuvent pas tout. Les politiques publiques ont un rôle central à jouer pour créer des environnements favorables à la santé (lutte contre la pollution, aménagement urbain encourageant l’activité physique, réduction du tabagisme passif…), et réduire les inégalités sociales de santé.

Exemple : Le programme Manger-Bouger, lancé en 2001, vise à promouvoir les comportements alimentaires sains via des campagnes grand public. Des messages diffusés aussi auprès des populations précaires, avec des ateliers cuisine dans les quartiers défavorisés.

La lutte contre la mortalité se joue aussi à l’échelle internationale, notamment dans les pays en développement. En améliorant l’accès à l’eau potable, à une alimentation saine et à des soins de base, on pourrait y éviter des millions de décès.

Un combat dans lequel la France s’engage, à travers son aide au développement et sa participation aux programmes mondiaux de santé. Car dans un monde globalisé, la santé des uns dépend aussi de celle des autres. La pandémie de Covid-19 nous l’a rappelé de manière brutale.

Réduire la mortalité est un objectif ambitieux mais atteignable, à condition de mobiliser tous les acteurs – pouvoirs publics, professionnels de santé, société civile et citoyens. En conjuguant nos efforts, nous pouvons espérer vivre plus nombreux, plus longtemps et en meilleure santé. Un défi vital pour notre avenir commun.